Par le Dr Philippe Catella, article paru initialement dans « Source vitale » et partagé avec l’accord de l’auteur.

« À quoi bon savoir, si je ne puis modifier ? » Paul VALÉRY

L’appareil digestif étant complexe, les pathologies qui le touchent sont variées. 

J’envisagerai  la colopathie fonctionnelle qui présente deux caractéristiques. 

  • C’est la pathologie digestive la plus commune puisque environ un Français sur quatre en souffre ; cette notion est connue.
  • C’est la plus facile à traiter à condition d’adopter une alimentation correcte ; cette notion est quasi inconnue.

Les symptômes

La colopathie fonctionnelle que l’on appelle également colopathie spasmodique, colon irritable, colite est caractérisée par trois signes :

  • des douleurs abdominales
  • un ballonnement abdominal
  • des troubles du transit à type de constipation, de diarrhées et ou d’alternance des deux.

À ces trois signes cardinaux peut s’ajouter tout un cortège d’autres symptômes : fatigue, anxiété, palpitations,  nausées…

L’examen clinique montre un abdomen douloureux et souvent gargouillant.

Les examens complémentaires représentés aujourd’hui par l’endoscopie en première intention montrent en général l’intégrité de la paroi intestinale ; elle peut déceler quelques polypes.

Après plusieurs dizaines d’années de lutte, le colon se laisse distendre, devient atone et l’on voit apparaître des diverticules qui ne sont que les témoins des hyperpressions qu’a subi la muqueuse en raison de spasmes musculaires trop répétés.

Il est habituel d’entendre que la colopathie fonctionnelle est une maladie bénigne mais désespérante pour le malade et pour le médecin.

Je me porte en faux contre ces deux lieus communs.

Je pense qu’elle n’est bénigne que dans un premier temps qui se chiffre  certes en dizaine d’années mais je suis persuadé que le mauvais fonctionnement de notre intestin ne peut être que délétère pour le reste de l’organisme et beaucoup d’autres maladies plus graves ne trouvent leur origine que dans ce dysfonctionnement intestinal. Il me semblerait surprenant que l’on puisse torturer son intestin pendant des années impunément.

Elle n’est désespérante que si on ne se remet pas en question, tant le thérapeute que le patient. Ce n’est sûrement pas avec des antispasmodiques ou des pansements digestifs que le problème sera résolu.

Ce qui est vraiment  désespérant c’est l’obstination dans ces traitements inefficaces  !

Un deuxième cerveau

L’intestin souffre (c’est le cas de dire) d’une mauvaise réputation. Il est grossièrement assimilé un tuyau évacuateur de déchets et sujet à de nombreuses moqueries faciles. C’est une erreur fondamentale à l’origine de beaucoup de nos maux.

Structurellement et fonctionnellement, le système nerveux intestinal et le cerveau se ressemblent. Ils utilisent les mêmes structures de neurones sensoriels et moteurs, les mêmes circuits de traitement de l’information et les mêmes cellules gliales  ainsi que les mêmes neurotransmetteurs comme l’acétylcholine, la norépinéphrine, la dopamine ou la sérotonine.

L’intestin mesure environ 7 mètres. Il est le siège d’un ensemble complexe de micro circuits dirigés par plus de neurotransmetteurs et de neuromodulateurs que l’on en trouve dans le système nerveux périphérique. Cela permet au système nerveux intestinal de réaliser bon nombre de ses tâches en dehors du contrôle du système nerveux central.

Ainsi il contrôle le système gastro-intestinal pratiquement sans l’aide du cerveau. Il régule l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle et le colon en mélangeant les aliments avec les enzymes digestives et en les poussant le long du système digestif. Il aide  également à contrôler l’absorption des aliments par le flux sanguin et protège l’organisme des dangereuses bactéries et toxines qui peuvent pénétrer avec.

 

Le rôle de l’intestin ne se limite donc pas à la digestion des aliments mais s’étend notamment à la protection de l’organisme. Véritable frontière entre le milieu extérieur et l’organisme proprement dit, l’intestin assure ainsi une protection efficace contre les bactéries, virus, toxiques, allergènes présents dans la lumière intestinale. Il exerce cette action protectrice grâce à trois lignes de défenses : la flore intestinale, l’épithélium intestinal et le système immunitaire intestinal.

Le développement de ces particularités de l’intestin serait trop long dans cet article. 

Maintenant que l’intestin est considéré comme notre deuxième cerveau il serait enfin temps de le traiter avec plus de considération.

Pathogénie

Comme toujours en matière de santé je ne peux pas ne pas faire référence au professeur Jean SEIGNALET et à son alimentation hypotoxique.

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer la colopathie fonctionnelle :

  1. Une réponse immunitaire des lymphocytes T et des cellules NK (Naturel Killer) contre les antigènes de la flore bactérienne normale.
  2. Une hypersensibilité à un aliment.
  3. L’utilisation d’antibiotiques.
  4. Une inflammation de la paroi colique. 
  5. Un profil psychologique particulier.

Ces éléments sont effectivement souvent concomitants à la colopathie fonctionnelle mais en sont plus souvent des conséquences que des causes.

Je souscris donc aux hypothèses du professeur SEIGNALET :

  • Agression de la muqueuse de l’intestin grêle par l’alimentation moderne et certaines bactéries dangereuses qu’elle favorise.
  • Hyperperméabilité du grêle avec passage des macromolécules bactériennes et alimentaires dans le sang qui essaye de s’en débarrasser et cherche « une porte de sortie ».
  • Expulsion de ces déchets à travers la paroi colique, par des cellules qui les transportent du sang à la lumière colique. Ces cellules constituent un infiltrat permanent qui entraîne une inflammation chronique de la paroi colique.

L’atteinte primitive siège au niveau de l’intestin grêle et le colon n’est atteint que secondairement.

Le danger ne vient pas de la lumière colique mais bien du sang. C’est de là qu’arrivent les molécules dangereuses et les globules blancs qui vont les transporter.

Il est donc logique de proposer le régime de type originel, en forçant sur les produits crus et non sur les produits cuits, à l’inverse des pratiques médicales classiques.

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J’ouvre une parenthèse sur quelques notions de  médecine anthroposophique qui enseigne que l’organisme transforme toute substance introduite et la fasse sienne. L’être humain avec son Je est individualisé et ne tolère que ce qu’il a préalablement métamorphosé en substance propre, qu’il a marqué de son empreinte.

Les aliments que nous absorberons sont étrangers  à notre organisme. Ils ont des propriétés extra humaines. Pour que l’organisme puisse les absorber, il est nécessaire qu’ils soient dépouillés de leurs forces éthériques. C’est le rôle du système digestif. Sous l’influence des forces astrales, émanant du pôle supérieur, les aliments sont dégradés, privés de leur éthérique extra humain.

A contrario, il s’efforcera de se débarrasser de tout ce qui conserve des propriétés étrangères.

Plus ces substances sont différentes des substances naturelles, plus l’organisme a des difficultés pour les assimiler, c’est-à-dire les faire sienne et donc plus elles posent problème.

L’Anthroposophie considère qu’après avoir été dégradées, ces substances franchissent les parois du tube digestif et subissent un nouveau processus d’élaboration. Elles sont alors imprégnées des forces éthériques et astrales proprement humaines. C’est en s’efforçant de triompher des forces éthériques étrangères que l’organisme se fortifie ; c’est en cela que consiste l’essentiel du processus alimentaire. Ce ne sont pas tant les substances qui importent que les forces dont elles sont les vectrices.

Ces principes d’Anthroposophie enseignés par Rudolf STEINER,  pour ce qui concerne les propriétés étrangères de ce que nous ingérons, sont  à rapprocher des principes de l’alimentation hypotoxique du professeur SEIGNALET qui nous explique que le génome de l’homme n’ayant pas évolué depuis 3 000 ans, notre organisme ne peut assimiler correctement que des aliments naturels.

Ils ont été posés depuis plus d’un siècle…..

Deux types d’aliments sont souvent mal tolérés :

1)  les laitages et dérivés : ils posent plusieurs problèmes :

–    l’intolérance au lactose est peut-être le plus important par sa fréquence. Le lactose est un sucre formé de deux molécules le glucose et le galactose qui nécessite une enzyme appelée lactase pour être séparé et assimilé. Un déficit en lactase entraîne des douleurs abdominales, des flatulences et de diarrhées. Certaines populations comme les Asiatiques sont génétiquement mal  pourvues en lactase et de ce fait consomment très peu de laitages. Ils ne souffrent pas plus d’ostéoporose que le reste de la population bien au contraire. Plusieurs études ont montré que ce sont les populations qui consomment le plus de laitages qui sont le plus touchées par l’ostéoporose (pays nordiques).

Une intolérance au lactose est rarement complète par contre elle s’aggrave avec l’âge puisque l’activité enzymatique de la lactase diminue avec l’âge (comme toutes les activités enzymatiques d’ailleurs ce qui explique qu’on ne pas se permettre de manger à 50 ans ou plus comme on mangeait à 20 ans).

Tant que les capacités de cette enzyme ne sont pas dépassées il n’y a pas de problèmes.

À noter que les laitages fermentés, comme les yaourts ne comportent quasiment plus de lactose.

–   de plus il existe dans les laitages des molécules que l’organisme a beaucoup de mal à assimiler correctement et qui participent à son encrassage. Certains acides aminés sont en excès comme la méthionine par exemple expliquant un effet cardio-vasculaire néfaste. Beaucoup de protéines solubles du lait sont allergisantes et immunisantes. Les graisses sont essentiellement des graisses saturées donc athérogènes.

2)   les intolérances au gluten sont moins connues mais tout aussi désagréables, entraînant également des troubles digestifs à type de douleurs, flatulences et diarrhées. Le gluten se trouve dans certaines céréales comme le blé, l’avoine, l’orge. Il est absent dans le riz, le soja, le sarrasin, le manioc (tapioca), le maïs, le millet, le quinoa, la pomme de terre et les châtaignes.

Les céréales germées ne contiennent plus de gluten.

Le traitement

Je propose donc aux patients atteints de colopathie fonctionnelle les mesures suivantes :

1)  une modération calorique : un moindre travail digestif ne peut-être que favorable aux organes qui souffrent.

2)  une alimentation hypotoxique :

-exclusion des céréales contenant du gluten.

-exclusion des laitages animaux.

-consommation plus importante de produits crus en évitant les cuissons au-dessus de 110°

-utilisation d’huile vierge obtenue par première pression à froid (apport d’oméga 3 et d’oméga 6 entres autres) 

-utilisation préférentielle des produits alimentaires biologiques.

  • l’utilisation d’une eau pure pour la boisson et la cuisson des aliments c’est-à-dire légèrement acide et d’une résistivité supérieure à 12.000 ohms/cm/cm2. L’eau pure est une condition absolument indispensable pour une bonne santé en général.

En période de canicule cet été, combien de fois avons-nous entendu à la radio que pour bien s’hydrater il fallait utiliser une eau plus minéralisée possible ?

4)  le nettoyage de colon :  il est nécessaire que le colon soit nettoyé par des lavements réguliers dont la fréquence dépend de la gravité de l’atteinte. Ils permettront d’éliminer la mauvaise flore qui progressivement sera remplacée par celle qui nous convient avec une alimentation correcte et un réensemencement par des bactéries « amies« . Dans les désordres entraînés par une mauvaise alimentation, l’atteinte faite à notre flore microbienne est terrible. L’intestin grêle qui n’hébergeait habituellement que quelques pensionnaires tranquilles se retrouve brutalement envahi par l’arrivée massive d’intrus, des bactéries opportunistes, voire dangereuses. 

Les bactéries « amies »  notamment celles appelées probiotiques ou lactobactéries ont été quasi décimées et pourtant leurs rôles sont essentiels.

Elles transforment les sucres lents en petites molécules qui renouvellent les cellules de l’intestin. Grâce à leurs enzymes, elles terminent  la digestion des sucres lents qui est loin d’être achevée quand ils arrivent dans le colon. Ce sont elles qui s’occupent des fibres si efficaces contre la constipation.

Elles nous protègent des infections intestinales mais aussi urinaires, bronchiques, O.R.L. etc.

Le numéro 42 de janvier 2002 de la revue « Sources Vitales » comporte d’excellents articles sur l’hygiène intestinale et les cures d’épuration. Je n’ajouterai qu’une chose : utilisez toujours de l’eau pure même pour les lavements.

5)  un nettoyage de notre organisme au moins une fois par an. Il existe de multiples possibilités. La cure de raisin me semble très favorable et relativement facile à mettre en place, avec bien sûr une abondante boisson d’eau pure. Pour être empirique, elle n’en est pas moins bien documentée et la littérature s’y référant est abondante.

6)  des compléments alimentaires utilisés à bon escient c’est-à-dire après s’être assuré par des examens biologiques (profils nutritionnels) des carences de notre organisme. On a toujours peur de manquer de quelque chose, rarement d’en avoir de trop.

Ces quelques mesures peuvent être utilement complétées par l’utilisation des huiles essentielles.

La camomille, la bergamote, l’estragon, le basilic la marjolaine et la lavande sont antispasmodiques.

Le carvi, la muscade, la coriandre, le cumin, la menthe, le romarin ont des vertus digestives.

L’utilisation de produits crus surtout de légumes peut sembler paradoxale puisque justement les crudités déclenchent des crises violentes chez les colopathes. D’ailleurs de nombreux médecins conseillent à leurs patients de ne surtout pas en consommer.

Il est certain que la consommation de crudités par les patients dont l’intestin est inflammé va immanquablement entraîner des crises douloureuses.

C’est pourquoi il faut dans un premier temps il ne faut prendre que des jus de légumes et de fruits que l’on préparera soi-même avec une centrifugeuse au mieux avec un extracteur et que l’on consommera immédiatement (pour éviter son oxydation). Un mélange carotte pomme (bio) donnera un jus parfaitement toléré par les muqueuses les plus inflammées.

Une fois l’inflammation disparue ou tout du moins bien diminuée, on pourra introduire très progressivement les crudités.

Interdire les crudités me semble une aberration puisqu’elles sont indispensables à une bonne santé.

En pratique le schéma pourrait être le suivant :

  1. petit jeûne de 24 heures (voire 48 pour les plus motivés) avec boisson abondante (eau, tisanes)
  2. nettoyage intestinal 
  3. réensemencement par des probiotiques
  4. utilisation des jus de légumes et de fruits frais
  5. reprise d’une alimentation en éliminant les laitages et le gluten
  6. adoption définitive du régime hypotoxique de M. le professeur SEIGNALET

Le traitement des colopathies fonctionnelles est facile, efficace et peu onéreux.

Il ne demande que d’adapter  l’alimentation à notre organisme. Cela semble une évidence et pourtant combien préfère des traitements médicamenteux au long cours.

Qu’importe qu’ils soient inefficaces pourvus qu’ils soient remboursés et qu’ils évitent un effort personnel et une remise en cause de ses habitudes si confortables.

Références bibliographiques :

Burckel A. : Régime crétois et vitamines. Ed Laurens,1997.

Bott V. : Médecine anthroposophique Un élargissement dans l’art de guérir. Ed Triades,1972.

Grosjean N, L’aromathérapie. Santé et bien-être par les huiles essentielles. Ed Albin-Michel,1993.

Nogier R.. : Ce lait qui menace nos femmes. Éd.  du rocher, 1994.

Seignalet J. : L’alimentation ou la troisième médecine. Quatrième édition. Collection écologie humaine, 2003.

Vincent L.Cl. : Traité de  Bio électronique Vincent. Société STEC, 1991.